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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 09:42
Pour des Associations Front de Gauche à la base

Le Monde.fr | 01.10.2012 à 14h31 • Mis à jour le 02.10.2012 à 15h59


Par Jacques Bidet, Jean-Michel Drevon, Ramzig Keucheyan

 


Le Front de Gauche va-t-il tenir ses engagements et répondre aux espérances qu'il a suscitées ? Va-t-il se montrer capable d'inspirer et d'animer des luttes qui feront reculer l'emprise délétère du néolibéralisme sur l'emploi, les conditions de travail, l'éducation, la santé, l'égalité des sexes, l'environnement, la démocratie et la culture ? De susciter un rassemblement des forces populaires à l'échelle de l'Europe, de battre en brèche les projets de l'oligarchie financière et d'impulser des politiques audacieuses de transformation sociale et écologique ?

Ou bien finira-t-il par se laisser peu à peu marginaliser ?

 

Cela dépendra en tout premier lieu de sa capacité à se constituer en une vraie force politique, enracinée à la base. On a pu voir dans la campagne présidentielle qu'une masse citoyenne, nombreuse et diverse, se retrouvait dans les mêmes perspectives. Des centaines de milliers de personnes se sont engagées très consciemment, participant aux réunions, aux défilés et aux rassemblements.

 

Le Front de Gauche sera un acteur impuissant s'il ne sait pas rassembler cette force dans l'action. Mais on ne peut militer ensemble sans des règles communes, acceptées par tous, qui répartissent des droits et des devoirs. On ne peut donc y parvenir qu'en organisant le Front de Gauche à la base. Ce pourrait être – dans chaque localité ou entreprise où les militant/e/s en décideront ainsi – sous la forme d'une "association" clairement définie entre tous, ouverte à tous, assurant la pérennité et le fonctionnement pleinement démocratique, sous le contrôle de tous, des Assemblées citoyennes.

Des comités de liaison entre composantes du Front de Gauche sont assurément nécessaires. Mais la voix de sans-cartes (de parti ou organisation) doit aussi s'y faire entendre et compter aux divers niveaux : les associations Front de Gauche, représentées jusqu'au sommet, pourraient en être le support.

 

Le Front de Gauche n'est pas un parti. Il ne doit pas devenir une association. Il rassemble des organisations politiques qui n'ont nullement l'intention de fusionner. Il est une alliance au sommet. Il devra le rester, et même se renforcer et s'élargir encore, pour être capable de décisions, de ripostes, d'initiatives nationales et internationales. Mais leur efficacité sera fonction de l'existence d'un vrai pouvoir en bas : d'un vrai désir et d'une vraie capacité de pensée et d'initiative politique.

 

Le Front de Gauche s'est fondé en haut. Il doit maintenant s'enraciner en bas. Et cela sans affaiblir ses composantes, partis et autres organisations, qui sont des biens précieux pour tous. Ce ne peut être que sous forme associative à la base entre tous ceux et celles, membres ou non d'une organisation politique, qui sont prêts à s'engager dans les perspectives définies par le Front de Gauche, et qui en seront, de cette façon, officiellement reconnu/e/s comme membres à part entière.

L'esprit d'association entre égaux assure la confiance mutuelle et l'engagement militant dans le temps. Il est proche de tout ce qui invente et qui bouge, de tout ce qui se dresse et se révolte. C'est à travers cette culture d'association que l'on trouvera la synergie avec le militantisme de masse : celui des syndicats et autres associations.

Cette perspective est inédite. Elle bouleverse les frontières entre parti et association. Mais elle répond à l'exigence démocratique. Le Front de Gauche doit être capable de cette audace s'il veut devenir la force politique agissante du peuple de gauche.

 

Jacques Bidet, professeur émérite à l'Université de Paris-Ouest, Jean-Michel Drevon, militant syndical et associatif, Razmig Keucheyan, maître de conférences en sociologie à Paris 4.

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